Reconquérir le bas marais alcalin* et les pelouses calcicoles* : le plan de gestion de la Réserve naturelle régionale du Marais de Stors s’articule autour de cet objectif.
Qu’il s’agisse de l’entretien du site, des travaux d’aménagement réalisés depuis 2011 ou ceux à venir pour réhabiliter le ru du Vieux Moutiers, l’enjeu est le même : restaurer un écoulement naturel du cours d’eau du Vieux Moutiers, et restaurer les habitats patrimoniaux*.
L’accueil du public constitue également un volet important de ce programme, dans le cadre d’un accès réglementé et de rendez-vous ponctuels d’animations (Natur’Box).
Décryptage des travaux d’aménagement et d’entretien
L’Agence des espaces verts de la Région d’Île-de-France (AEV) est chargée de la restauration et de la gestion du site.
Les premiers travaux ont consisté à ré-ouvrir les 9 hectares du bas marais alcalin, recolonisés par le boisement depuis les années 70. Ils ont consisté essentiellement à retirer et dessoucher les arbres. Ils ont commencé en 2011 et se sont terminés en 2018.Pour conserver le marais, une partie du bas marais est également fauchée chaque année, ainsi qu’1/5e de la grande roselière. Un projet de pâturage sur la zone est également à l’étude.
Des travaux ont été réalisés pour recréer des milieux aquatiques avec, par exemple, la remise en lumière des fossés, propices au développement des odonates (libellules, demoiselles).
La restauration du ru du Vieux Moutiers constitue l’autre volet important d’aménagement du site. Actuellement, le ru n’est plus du tout dans son lit naturel. Trop large et trop profond, il ne présente que peu d’intérêt (habitats peu variés, peu d’espèces, qualité des eaux médiocre…). L’objectif est donc de replacer ce petit cours d’eau dans son lit naturel. Cela contribuera à une meilleure circulation de l’eau, à une meilleure qualité de l’eau aussi grâce au développement de la végétation, et plus globalement, à une plus grande diversité des habitats et des espèces.
Le ru du Vieux Moutiers. © AEV/C. Caillière
Des études, soutenues notamment par la Région et l’Agence de l’Eau, sont actuellement en cours pour définir les enjeux patrimoniaux et la faisabilité de ce projet d’aménagement. Elles seront soumises à validation scientifique avant le lancement des travaux.
De premiers résultats
Les premières observations réalisées sur le site après travaux montrent le développement de nombreuses espèces, en lien avec la réouverture du bas marais notamment.
De nouvelles espèces de plantes caractéristiques du bas marais et rares dans la région sont apparues, par exemple l’écuelle d’eau (Hydrocotyle vulgaris) et le mouron délicat (Anagallis tenella). D’autres espèces végétales, protégées ou rares, et déjà présentes sur le site, se sont développées. On peut citer la Laîche de Maire (Carex mairei), le Samole de Valérand (Samolus valerandi), ou le Marisque (Cladium mariscus).
Le mouron délicat fait partie des nouvelles espèces apparues. © AEV/C. Caillière
Côté faune, le nombre d’espèces de libellules est passé de 5 à 30 espèces, dont plusieurs rares à très rares. On notera le développement du cortège des espèces liées aux milieux d’eau courante et aux suintements : l’Orthetrum bleuissant, l’Agrion de mercure, le Cordulegastre annelé, l’Agrion à larges pattes ainsi l’Agrion délicat (Ceriagrion tenellum), apparu récemment et classé vulnérable* sur la dernière liste rouge des libellules d’Île-de-France.
Coenagrion mercuriale. © AEV/C. Caillière
L’accueil du public : possible, mais réglementé
L’accès de la RNR s’accompagne d’une réglementation stricte, visant essentiellement à ne pas déranger la faune et à ne pas porter atteinte aux milieux naturels. Par exemple, la circulation du public n’est autorisée que sur les sentiers faisant le tour de la réserve. Une signalétique a été mise en place, avec des panneaux rappelant les limites du site, son règlement et la localisation des chemins ouverts à la promenade. Des indications y sont données aussi sur les espèces et leurs habitats.
Des animations nature, encadrées par des spécialistes, sont également programmées tout au long de l’année.
Information et réservation via le site internet de l’AEV https://www.aev-iledefrance.fr
* Habitats patrimoniaux : listés dans le cadre d’inventaires écologiques, identifiés comme des habitats prioritaires de conservation car eux-mêmes rares ou menacés, ou encore abritant des espèces rares ou menacées.
* Espèce vulnérable : dont les caractéristiques biologiques les rendent particulièrement sensibles aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.
* Bas marais alcalin : zone humide caractérisée par des sols gorgés d’eau en permanence, occupée principalement ou en grande partie par des communautés de petits Laîches et de Mousses brunes productrices de tourbes ou de tufs. Le bas marais alcalin est un milieu rare en Île-de-France et comme tous les milieux humides, en voie de raréfaction à l’échelle nationale et mondiale.
* Calcicole : se dit d’une végétation qui se développe sur des sols calcaires.
Quelques repères…
Une propriété régionale : en 2000, la Région acquiert ce lieu exceptionnel composé de roselières, de ruisselets et de marécages. L’Agence des espaces verts de la Région d’Île-de-France (AEV), chargée de l’aménagement et de la gestion du site, lance un vaste programme d’études et de restauration, avec le concours de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie (AESN).
Une réserve naturelle régionale (RNR) : en 2009, la propriété régionale du marais de Stors est classée en RNR en raison de son patrimoine naturel écologique exceptionnel.
Un réseau hydraulique fortement remanié depuis le Moyen Âge : c’est à partir du XIIe siècle, avec l’installation de l’abbaye Notre-Dame du Val en amont du marais, que commence l’aménagement des étangs du domaine. Ils serviront à alimenter les moulins en eau, pour permettre aux moines cisterciens de pratiquer la pisciculture. Au début du XXe siècle, le marais de Stors est partiellement drainé pour créer des prairies. À la fin des années 1970, il est finalement laissé à l’abandon et le marais, envahi par la végétation, se referme.
Une mosaïque de milieux naturels remarquables : le marais occupe le fond d’une petite vallée, traversée par le ru du Vieux Moutiers, dans le site classé de la Vallée de Chauvry, à forte valeur paysagère et écologique. Malgré une superficie relativement réduite (seulement 47 hectares), cette zone humide se compose d’une mosaïque de milieux sensibles, remarquables pour la richesse de leur faune et de leur flore : pelouses calcicoles, bas marais alcalin*, roselières, ruisselets aux eaux pures, aulnaies marécageuses…
Un patrimoine floristique et faunistique de haute valeur : la réserve abrite une grande diversité d’espèces, liées aux milieux humides. En particulier, les oiseaux (près de 70 espèces) et les espèces végétales (près de 400). Les libellules, les batraciens, les reptiles et les chauves-souris sont également bien représentés sur le site.
La RNR du marais de Stors : un accès réglementé
Les points principaux à retenir dans la règlementation de cette réserve sont des interdictions visant à ne pas déranger la faune et à ne pas porter atteinte aux milieux naturels.
Il s’agit notamment :
– de ne pas chercher à approcher les oiseaux par ex : la circulation du public n’est autorisée que sur les sentiers faisant le tour de la réserve ;
– ne pas faire entrer de chiens sur le site : même tenus en laisse, ils y sont interdits car leur simple présence peut effrayer les oiseaux ;
– ne pas faire de feu ni bivouaquer ;
– ne pas effectuer de prélèvements de faune et/ou de flore (ex : la cueillette est interdite) ;
– ne pas laisser de déchets sur place, les remporter avec soi ;
– tous les engins motorisés sont strictement interdits sous peine de forte amende.
Autant de règles indispensables à la pérennité du site et de son patrimoine naturel…
Les zones humides : des écosystèmes essentiels pour les hommes et les animaux
L’intérêt écologique des milieux humides est multiple : régulation des crues et des inondations, épuration de l’eau, recharge des nappes phréatiques, régulation du climat, maintien d’une biodiversité rare et exceptionnelle…
Dans le cas de la Réserve naturelle régionale du marais de Stors, traversée par le ru du Vieux Moutiers, affluent de l’Oise, le marais permet l’épuration partielle de ses eaux, en provenance de la vallée de Chauvry. Il agit comme une véritable éponge, absorbant les surplus d’eau en période d’inondation, limitant ainsi les dégâts causés aux hommes, restituant ensuite cette eau lors des périodes de sécheresse.
Animations nature gratuites pour découvrir la Réserve
Sur le marais de Stors, comme dans 32 autres espaces naturels régionaux, l’AEV propose des animations nature, destinées à tout public. Encadrées par des spécialistes de l’environnement, elles sont toutes conçues comme des visites guidées, des ateliers ou des animations ludiques.
A noter dans vos agendas :
– Samedi 25 mai : « Envol sur la Réserve », avec la LPO Île-de-France. De 9 h 30 à 12 h.
– Dimanche 9 juin : « Voir sans être vus », avec la CLIMAX. De 9 h 30 à 12 h.
– Dimanche 23 juin : « Sur les traces de l’Agrion bleu », avec la LPO Île-de-France. De 9 h 30 à 13 h.
Information et réservation via le site internet de l’AEV https://www.aev-iledefrance.fr